Guinée : Elections législatives et si on mettait fin au cycle de violence ?
« Mon pays va mal ». Croyez-moi, si je vous dis que ce n’est pas pour chanter ni danser que j’emprunte cette phrase plutôt bien connue du célèbre artiste engagé ivoirien vivant au Mali, Tiken Jah Fakoly. Croyez-moi, elle va vraiment mal ma chère Guinée de telle sorte que depuis peu, le moment ou je m’évertue à prendre de ses nouvelles, est celui qui me fait le plus de peine au cours de mes journées. Pour cause, la classe politique ne parvient toujours pas à trouver un consensus au sujet de l’organisation des élections législatives censées doter le pays d’une assemblée nationale et ainsi mettre définitivement fin à la transition politique en cours dans le pays.
Pourtant, ces législatives étaient censées se tenir au cours des six premiers mois après la l’investiture du président Alpha Condé le 21 décembre 2010. Faute de consensus au sujet de l’opérateur technique sud-africain, Way Mark, chargé de la révision du fichier électoral, et accusé de partialité par l’opposition, le scrutin a sans cesse été reporté. Tous les yeux sont désormais rivés sur le 30 juin prochain, date à laquelle ces législatives devront se tenir selon un décret présidentiel.
Ce n’est pas ce jeu démocratique entre un pouvoir et une opposition qui se tiraillent et qui s’épinglent mutuellement qui m’inquiète tant. C’est plutôt le climat de violence qui va avec, car malheureusement il est désormais de coutume dans mon pays de voir les leaders politiques réglés leurs différents dans les rues au détriment de la stabilité, et parfois même d’innocentes populations.
Tenez le dernier bilan officiel des manifestations d’opposants à Conakry fait état de 12 morts et de 89 blessés entre jeudi et dimanche dernier. Des morts et des blessés qui viennent s’ajouter aux nombreuses autres victimes depuis le début de ces manifestations. A coté de ces troubles, l’insécurité est elle aussi devenue de plus en plus grandissante dans la capitale guinéenne et personne n’est épargnée. Pourtant, deux ans seulement après son arrivée au pouvoir, le Professeur Alpha Condé et son équipe ont réalisé de grandes performances économiques parmi lesquelles l’atteinte du très précieux point d’achèvement de l’initiative pays pauvres très endettés PPTE. Ce qui permet au pays d’obtenir l’intégralité de l’allègement de la dette. Cependant à quel moment peut t-on se réjouir de ces réussites si la violence est devenue quasi-quotidienne dans certains quartiers de la banlieue de Conakry ?
Ces violences à mon avis ne sont ni plus ni moins que la résultante de la rupture du dialogue entre les principaux acteurs de la classe politique guinéenne. Face à cette crise je ne vois pas de solution miracle sinon l’instauration avec l’ensemble de la classe politique d’un dialogue franc dont les résolutions seront respectées de part et d’autres. Quand on regarde dans le rétroviseur de l’histoire récente de la Guinée, on se rend facilement compte que toutes les graves crises qu’a traversé le pays ont trouvé leur solution par le dialogue entre tous les acteurs. Je pense au grand soulèvement syndical et social entre janvier et février 2007, mais aussi à la sortie de crise suite de la tentative d’assassinat de l’ancien chef de la junte militaire le capitaine Moussa Dadiss Camara en décembre 2009. Des crises qui avaient toutes été résolues par le dialogue entre tous les acteurs autour d’une table. Alors pourquoi ne ferions-nous pas de même cette fois-ci ? Pourquoi ne pas mettre fin au cycle de violence et à toutes ces manifestations en invitant toute la classe politique autour de la table?
Une lueur d’espoir …
Cependant ces derniers jours la perche tendue à l’opposition pour l’ouverture des futures négociations ainsi que l’annonce d’une enquête sur les violences du weekend dernier à Conakry par le Président Alpha Condé constituent une lueur d’espoir. L’opposition guinéenne devrait saisir cette main tendue pour sortir le pays de ce tunnel dont on ne voit plus le bout. De part et d’autres tous les leaders ont le devoir d’œuvrer pour l’aboutissement de ce dialogue que j’aimerai voir mis sous l’égide de la communauté internationale.
Le chef de l’état a aussi remplacé son ministre de la sécurité et de la protection civile Maramany Cissé par l’ancien ambassadeur de Guinée au Sénégal un flic de profession Madifing Diané. Dès sa prise de fonction, le nouveau ministre fait de la lutte contre l’insécurité sa priorité. Madifing Diané a d’ailleurs expliquer le 31 mai dernier que « le moment est venu pour les services nationaux chargés de l’application de la loi de se rassembler pour faire face aux défis de l’insécurité dans notre pays et dans notre sous région ».
Quand à la jeunesse guinéenne je trouve qu’elle devrait s’affranchir et refuser d’être instrumentaliser par certains leaders politiques, et plutôt retrousser les manches pour construire le pays au lieu de bruler le peu d’infrastructures qu’il dispose, rejetez la violence au lieu de la promouvoir. Nous devons savoir que le bien le plus précieux que la Guinée dispose c’est sa diversité et sa relative stabilité, alors il est du devoir de tous les guinéens quelques soit leur classe sociale, leur origine ethnique, leur bord politique d’œuvrer pour préserver cette paix. Car à ma connaissance les conflits et le chaos n’ont jamais développer un pays.
Merci et à bientôt j’espère chers lecteurs et lectrices.
Commentaires