Mamady Keita

L’art ukrainien de s’habiller pour moins que rien

Entrée d’un magasin de friperie. Crédit photo Phillipe Dacruz

Tous les matins à 9h30, le magasin de friperie « Ekonom classe », situé au centre de Cherkassy, ouvre ses portes. Il n’est encore que 8h30, mais une file indienne d’une cinquantaine de personnes au moins s’est déjà formée devant le magasin. Aujourd’hui c’est lundi, et comme tous les lundis c’est le jour d’ouverture et de mise en vente de nouveaux ballons de vêtements tout fraichement arrivés.

Dans les centres commerciaux de Cherkassy, de Kiev et de la plupart des métropoles ukrainiennes, il faut au minimum 1000 hryvnia (environ 30 euros) pour un jean, parfois le double pour arracher une doudoune… Pour l’Ukrainien moyen, qui touche environ 200 euros par mois, les prix des vêtements dans les centres commerciaux restent de loin inabordables. L’une des solutions qui s’impose reste la friperie et les fameux magasins « Ekonom classes ». D’où viennent en réalité ces habits qu’on y vend ? Pourquoi ces magasins et les fripes qu’on y vend sont autant populaires ? Qui tient ce marché ? Toute la vérité à propos du marché ukrainien de la friperie.

D’où viennent les vêtements, chaussures et divers qu’on y vend ?

Les vêtements, chaussures et divers articles vendus dans les « Ekonom-class » viennent d’Europe, précisément d’Italie, d’Allemagne, de Grande-Bretagne, d’Irlande, de France et de Norvège. Dans ces pays, les riches arabes qui tiennent le marché des « second-hand » en Ukraine ont leurs agents avec des licences spéciales qui collectent, trient et emballent les habits et chaussures qui ne sont plus utiles, à l’aide des conteneurs installés dans les rues.

Chaussettes et autres accessoires. Crédit photo : Phillipe Dacruz

Après le triage, ces ballons de vêtements et de chaussures sont expédiés en Ukraine pour alimenter les fameux « Ekonom class » et autres friperies. Sur place on trouve un peu de tout. Des jeans, des chemises, des manteaux, des écharpes, des robes, bref tout ce qu’il faut pour bien paraître. Le tout pour 5 à 10 fois moins cher que dans les centres commerciaux.

Qui sont les clients de ces friperies ?

D’après Irina Krygina, administratrice d’Ekonom class, il y a trois types de clients. Tout d’abord, les personnes pour lesquelles la seconde main représente la seule manière de renouveler leur garde-robe. Ils viennent souvent en famille et fouillent pour trouver les effets les moins chers. Il y a ensuite des personnes issues de la classe moyenne. Enfin, Irina Krygina nous explique que ces dernières années ils ont commencé à recevoir des personnes aisées et à la pointe de la mode. Ils viennent le plus souvent à la recherche des trucs intéressants. Ils ne sont pas très nombreux, c’est vrai, mais ils viennent parfois faire un tour sans trop fouiller et parfois ils emportent des T-shirt, des doudounes et des vêtements de marques bien connues.

Chaussures Crédits photo : Phillipe Dacruz

Un mot sur les prix…

Pour environ 5 euros on peut arracher un jeans, pour à peu près 4 euros, une chemise. Une écharpe vaut 2 euros et j’en passe. Des prix abordables par rapport à ceux en vigueur dans les centres commerciaux où on vend du « neuf ». Il faut dire qu’en Europe les marchandises sont achetées pour quelques centimes d’euro par kilogramme. Pour expliquer l’énorme marge entre le prix d’achat et le prix de vente, Irina Krygina pointe du doigt les taxes, les frais de transport, les dépenses d’entretien des points de vente, les salaires de l’entrepôt et du personnel.

Parfois c’est au kilo que s’arrachent les effets dans les magasins de seconde main. Le prix du kilogramme est variable. Il dépend du jour de la semaine. Dans le magasin de Irina Krygina par exemple, tous les lundis le kilo s’arrache à 215 hryvnia soit un peu plus de 6 euros, et les dimanches le kilo vaut 19 hryvnia , soit quelques centimes d’euro. Pourquoi cette différence ? La raison est simple : plus les vêtements restent longtemps dans le magasin, plus ils perdent de la valeur.

Les magasins d’articles de secondes mains deviennent un de ces endroits où se croisent toutes les classes sociales. Ici on peut trouver parfois des trucs chics à la pointe de la mode. Tellement chics qu’ils ne sont pas encore dans les centres commerciaux de Kiev, conclut sourire aux lèvres un jeune acteur rencontré sur place. Et chez vous, quelle place occupe la friperie ? Vos réactions et avis sont les bienvenus.

Par Philippe Dacruz et Mamady Keita


« Bonjour », un nom bien français pour un biscuit ukrainien

« Bonjour » est un biscuit ukrainien. Crédit photo : P. Dacruz

En Ukraine, le français continue à marquer des points. Entre l’augmentation du nombre d’apprenants de la langue de Molière mais aussi l’augmentation des cours au sein de l’Institut français, c’est désormais ailleurs que s’invite le français. Dans les magasins, les supérettes, le français inspire de plus en plus les produits ukrainiens. Des biscuits aux petits bonbons en passant par les chocolats, certains produits en Ukraine portent des noms venant de la langue de Molière.

Samedi dernier, c’était notre jour de repos. Il fait beau. C’est le meilleur moment pour une belle promenade. Après quelques coups de fil, je suis bien entouré. Direction le Lubava, un des quatre centres commerciaux à la mode de Cherkassy.

Sur le chemin, on décide de faire un tour dans un des ATB qui borde le chemin qui mène au centre commercial Lubava. Les ATB, ce sont des magasins de distribution des denrées alimentaires mais pas seulement. On y vend un peu de tout.

« Roulette » – Crédit photo : Phillipe Dacruz

À l’intérieur sur des stands sont ingénieusement rangés des chocolats qui attirent notre attention. On y repère quelques biscuits et desserts qui, bien que produits en Ukraine, portent des noms provenant de la langue française.

Roulette, bonjour et biscuit autres que ce vous croyez …

Par exemple : « Roulette », ce sont de petits pains au chocolat et à la crème blanche. Un peu plus loin, on apprend que « Bonjour » est un dessert avec un goût de vin chaud à la framboise. Sur un autre stand, on peut voir fièrement exposé « Biscuit », une sorte de chocolat produit par le groupe Roshen, fondé par l’actuel président du pays Petro Poroshenko.

« Biscuit » produit par le groupe Roshen. Crédit Photo : P. Dacruz

Un petit tour dans cette grande épicerie nous permet de nous rendre compte que « Buvette » est le nom d’une eau minérale. Non loin de là on apprend que « Fort » est un café qui a vraiment la côte dans le pays.

Il faut ajouter à cela le fait que beaucoup d’ukrainiens ont une réelle sympathie pour la langue et la culture française. Beaucoup d’entre eux, notamment les jeunes, connaissent quelques expressions du genre « salut, merci, je t’aime, tu es très belle, la tour Eiffel, Paris, je travaille, au revoir, je m’appelle… »

Le café « Fort » – Crédit Photo : Phillipe Dacruz

La France est réellement présente en Ukraine avec une ambassade, neuf Alliances françaises réparties sur l’ensemble du pays, un Institut français, mais aussi un Lycée français qui se trouve à Kiev.

Avec toutes les mutations que connait l’Ukraine ces dernières années, la réelle question que l’on se pose est : jusqu’où peut aller le français face à d’autres langues étrangères qui elles aussi sont dans le cœur des ukrainiens ? Je pense à l’allemand et à l’anglais. Mais cela c’est une toute autre histoire.

Par Philippe Dacruz et Mamady Keita

 


Ukraine : la mort au pas de ta porte !

Stalactite de glace – crédit photo : Pixabay CC0

Depuis le début de l’hiver, les habitants de Cherkassy et de beaucoup d’autres villes d’Ukraine vivent avec la menace des stalactites de glace qui pendent des toits et des balcons.

Dans cette petite ville de près de 300.000 habitants située à 189 kilomètres de Kiev, sur le toit de la plupart des immeubles se sont formées de grandes stalactites qui laissent complètement indifférentes les autorités municipales.

Pourtant, ce n’est un secret pour personne, ces stalactites de glace représentent un véritable danger pour les populations locales qui empruntent les allées parfois étroites qui séparent les grands immeubles de la ville.

Cherkassy Ukraine Crédit photo : Phillipe Dacruz

Tenez par exemple, la semaine dernière, Alina la voisine de mon ami Lip, s’est retrouvée hospitalisée suite à une blessure causée par la chute d’un gros morceau de glace sur ses épaules. Voilà qui est vraiment triste. De très fréquents articles rapportent souvent les tristes accidents provoqués par les stalactites de glace dans les villes ukrainiennes, mais aussi en Russie. Un phénomène qui revient tous les hivers sans pour autant provoquer de grandes réactions des pouvoirs publics. « À l’époque de l’Union soviétique, le nettoyage des toits évitait la formation de ces stalactites de glace géantes », nous explique Anastasia Ivanovna, la grand-mère d’Alina.

A la fin décembre 2017, on comptabilisait 12 blessés par des chutes de glace seulement pour la ville de Kiev. Face à ces stalactites géantes, les citoyens se débrouillent comme ils peuvent, avec des barrières de sécurité sous certains toits.

Cherkassy Ukraine Crédit photo : Phillipe Dacruz

Tous les jours en sortant de chez soi, on prie Dieu de ne pas se prendre une stalactite quelques part sous un de ces immeubles de la ville. Pourquoi les autorités ne prennent pas ce problème récurrent à bras le corps ? On espère pouvoir avoir des réponses un de ces quatre.

En attendant, comme le dit mon ami Lip, il faut « être prudent et prier que le plus grand nous sauve ». Est-ce que chez vous aussi se forment de gros morceaux de glace sur les toits ? Et comment sont-elles gérées par les municipalités et les citoyens ?

A bientôt chers lecteurs et lectrices !

Par Philippe Dacruz et Mamady Keita


Hitcher III : Sur les routes d’Ukraine

Autostop en hiver flickr

Je me rappelle encore de mon prof de sixième année nous racontant la triste histoire de Galilée qui jusqu’au bout a soutenu des thèses inacceptables à l’époque par l’église. Et Oui au péril de sa vie. Puisque d’après mon professeur Monsieur Yaya Kaba à qui je ne dirai jamais assez merci, le mythe veut que Galilée ait découvert lors de ces travaux que « la terre est ronde et qu’elle tourne autour du soleil ». Théorie que ne pouvait admettre à l’époque l’Église, car non conforme à ce que disent les Saintes Écritures. Malgré toutes les menaces et les condamnations le mythe voudrait que le savant soit toujours resté fidèle à sa théorie « et pourtant la terre tourne ».

Mais bon cette histoire vous la connaissez tous. C’est une autre du genre mais bien plus joyeuse que je vais vous raconter dans ce billet. Une anecdote qui m’a été compter la semaine dernière par une de mes meilleures amies ukrainiennes Lida.

Route 66 aux USA…l’insécurité sur l’autoraute 66 rappele un peu les routes ukrainiennes.

Lida a toujours eu un faible pour les voyages, les innovations et les aventures. Et comme la plupart des voyageurs des temps modernes elle fait recours parfois au phénomène d’auto-stop. Pour ce qui ne connaisse pas, c’est un moyen de transport économique, où le voyageur cherche à se faire transporter par le véhicule d’un automobiliste ou d’un camionneur.

En ce jour, la jeune ukrainienne a pour objectif se rendre à Odessa la mégapole du sud de l’Ukraine. Comme d’habitude ces dernières semaines un trottoir, un index tendu vers l’avant, un automobiliste qui s’arrête et c’est parti.

Tout commence bien ce samedi. Il fait beau, pas trop froid comme lors des 6 derniers jours. Après 10 min d’attente, la chance sourit à la belle demoiselle. Le conducteur d’une Mercedez s’arrête et accepte de l’amener à Odessa.

Qui est ce conducteur sur le chemin de la belle Lida ce samedi ?

C’est parti pour une nouvelle aventure et une conversation qui s’annonce des plus banales. Quelques minutes de route permettent à la jeune fille de savoir que son bienfaiteur s’appele Igor. Il est employé d’une société qui fait de l’import à Odessa la grande ville portuaire du sud de l’Ukraine. Après quelques minutes de trajet c’est l’impasse dans la Mercedez d’Igor. Le jeune homme tente par tous les moyens de convaincre Lida que la terre est plate.

Je suis sûr que la plupart des choses que l’on enseigne à l’école et dans les universités c’est pour nous éloigner le plus possible de la vérité. Tiens par exemple je sais que la terre est plate et non ronde comme le veut la plupart des manuels scolaires actuels… lance Igor à un certain moment de la conversation.

Quoi ? s’étonne Lida; elle qui a toujours appris à l’école le fait que la terre est une sphère aplatie aux pôles.

On nous cache des choses…mais moi je suis prêt à me battre pour ce en quoi je crois … enchaine Igor avant d’ouvrir le petit sac qu’il porte sur lui et de faire sortir une arme. Un pistolet, un vrai.

Une grande peur s’empara de la jeune ukrainienne qui pendant quelques minutes voyait sa vie défiler sous ses yeux. Son corps se raidissait et elle  arrivait à peine à respirer.

Il faut dire que l’insécurité bat son plein sur les routes en Ukraine. Une situation encore aggravée par la guerre dans l’est du pays, et l’alcoolisme de certains conducteurs. Des raisons qui expliquent la peur de la jeune ukrainienne. Qui sait …peut-être Igor est en réalité un bandit, un malfrat …? se dit-elle tout bat

Ce rebondissement inattendu ôte à Lida toute envie de contredire la théorie de la terre plate car me confie-t-elle « je n’avais  aucune envie de finir comme Galilée dans le mythe que tout le monde connait… »

« À la place du contre-argument je n’ai fais que sourir à Igor et acquiescer sa théorie, malgré que de loin je n’étais pas d’accord. Pour moi le plus important est le fait que je sois arrivé à Odessa saine et sauve… »

Comme pour dire qu’on n’est jamais assez prudent. Un commentaire, une réaction c’est juste en dessous… A bientôt j’espère.

Phillipe Dacruz et Mamady Keita


Rond comme l’Ukraine !

De la vodka pour 2 euros – crédit -photo : Phillipe Dacruz

Depuis 1978, l’addiction aux boissons alcoolisées est reconnue officiellement par l’Organisation mondiale de la santé comme une maladie. D’après les statistiques, l’Ukraine est un des leaders dans la consommation d’alcool fort. Seuls les Russes, les Moldaves, les Hongrois et les Écossais boivent plus que les Ukrainiens. Au pays des frères Klitschko, toutes les occasions sont bonnes. Lors des réunions, des anniversaires, des fêtes et même parfois de simples rencontres, on boit de la vodka, de la bière, du champagne, du vin et que sais-je encore. Que peut-on dire à ce propos ? Quelles sont les conséquences de cette consommation abusive d’alcool ? Comment réagir face à ce fléau qui touche presque toutes les classes sociales ?

Des chiffres qui inquiètent

Tous les ans, l’Ukraine perd environ un demi-million de ses citoyens. Près de la moitié de ces décès sont attribuables à des maladies ayant un lien étroit avec l’alcoolisme. Pour être précis, ce sont des maladies du système cardiovasculaire. Il faut dire que la consommation fréquente d’alcool peut être la source de problèmes cardiovasculaires.

Elena Krytchuk nous explique que « l’alcool élève la pression artérielle et augmente le risque d’hypertension ». D’après cette cardiologue qui est spécialiste du sujet, « la consommation régulière d’alcool favorise également les risques d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) et d’infarctus du myocarde ».

En Ukraine, ce sont les hommes qui sont les plus touchés par l’alcoolisme. Il représentent plus de 80% du «groupe à risque». Mais ce qui est le plus frappant et inquiétant, ce sont les jeunes alcooliques, et cela malgré le fait qu’il est interdit de vendre de l’alcool à un mineur dans le pays. On trouve toujours un moyen de contourner cette loi.

« J’ai commencé de boire à 13 ans » nous confie Alexandre, un sans-abri devenu alcoolique. « C’était lors de la fête du nouvel an à la maison » se rappelle le jeune homme.

En Ukraine toutes les occasions sont bonnes pour faire des toast. Le sociologue Anatoliu Kovalchuk pointe aussi du doigt pour expliquer la propagation de l’alcoolisme le fait qu’en Ukraine la bière est « la moins chère d’Europe ».

Un stand de Cognac local pour un peu plus d’un euro. Crédit photo : Phillipe Dacruz

L’alcool, la cause de tous les malheurs

Au pays de la vodka et du Vinok (vin local), presque tous les crimes et délits sont commis dans une totale ivresse ou par des personnes qui sont dans un état de conscience altéré. Plus de 80% des petits vols, des violences domestiques sont commis par des gens ivres. Ils sont aussi responsables de 50% des homicides intentionnels.On peut ajouter a tout cela les accidents de route qui sont souvent causés par des conducteurs ivres.

Comment réagir face à ce fléau qui touche presque toutes les classes sociales ?

Contre ce fléau, il n’y a pas grand chose qui se fait dans le pays. Pourtant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fourni à l’État ukrainien trois recommandations sur la façon de vaincre la catastrophe nationale – l’alcoolisme :

  • Limiter la disponibilité économique de l’alcool (en augmenter les accises, c’est-à-dire les taxes indirectes),
  • Limiter l’accessibilité physique (ne pas vendre d’alcool à chaque coin de rue),
  • Interdire la publicité pour l’alcool.
Des numéros à joindre pour demander de l’aide pour alcooliques. Crédit photo : Phillipe Dacruz

Malgré ces recommandations, le parlement ukrainien reste silencieux. On ne se dépêche pas de voter pour des projets de loi conformes aux recommandations de l’OMS. Pour le sociologue, Anatoliu Kovalchuk qui étudie le sujet depuis près de 6 ans  l’énorme manne financière en jeu est la cause de ce silence.

« Le fait que les grandes firmes dans le secteur rapportent des milliards au trésor public et aux oligarques qui tiennent la Verhovna Rada [le parlement] chaque année explique le fait qu’il y ait très peu de lois en faveur de la lutte contre l’alcoolisme dans notre pays », conclut le sociologue.

En attendant, de petites initiatives locales comme les alcooliques anonymes constituent l’espoir pour des personnes qui font face à ce fléau. Dans certains coins de rue, quelques affiches montrent les numéros à joindre pour demander de l’aide. Parfois, des numéros qui ne sont là que de noms car injoignables. Comme pour dire que certaines choses ne sont pas roses ici, au pays de la débrouille et du chacun pour soi.

Par Phillipe Dacruz et Mamady Keita


Ukraine : Des idées pour le recyclage de vos pneux usagés ?

Crédit photo : Phillipe Dacruz

C’est l’hiver au pays du grand froid. À l’exception des précédents jours, il fait beau aujourd’hui, Philippe et moi décidions d’improviser une promenade. Je ne connais pas bien encore Cherkassy, mon ami Lip, lui y habite depuis deux ans il connaît mieux cette ville et me propose d’aller prendre un café dans un bar du coin. Il faut dire que c’est Dimanche, le jour où ça ne travaille pas. Les jeunes mamans promènent leurs marmots. Sur notre chemin, un endroit attire notre attention. Un petit parc original pour les enfants. Un parc de pneus …

Des bordures, en passant par les jeux dans ce parc tout est fait avec des pneus. Les habitants de ce quartier ont utilisé les pneus usés pour construire tout dans ce parc. Un parc tout en couleur où se confondent des couleurs comme Le rouge, le jaune, le vert et le bleu. Un parc en couleur qui donne le sourire aux enfants et qui surprend les visiteurs venus d’ailleurs. Mon ami Lip me confie que dans certains pays, les pneus usagés constituent un véritable casse tête pour les habitants. Il se rappelle avoir lu un article de la depeche.fr qui en faisait allusion. Dans cet article on signale que pour se débarrasser des pneus usagés on dispose de quatre alternatives.

  1. Appeler un garagiste qui avec un peu de chance viendra vous débarasser de ce pneux .
  2. Dans le cas où vous avez une grande quantité vous devez contacter un recycleur au prix de 250 euros la tonne.
  3. Contatcter directement une société spécialisée dans le recyclage (du genre EU. REC (Aliapur) et GIE RFP).
  4. Demander un devis à un spécialiste .

Voici les images de ce parc pour enfant de quoi vous donnez des idées en ce qui concerne le recyclage de pneux usagés.

Crédit Photo : Phillipe Dacruz

Ci dessous un autre crédit de Lip

Crédit Photo : Phillipe Dacruz

Un peu de peinture bleu, jaune, rouge et blanc : c’est tout ce qui a inspiré les habitants du quartier Sud-ouest de Cherkassy.

CréditPhoto : Phillipe Dacruz

Une autre photo de ce petit parc original qui offre le sourire à une petite centaine d’enfants tous les jours.

Crédit Photo : Phillipe Dacruz

On espère que ces photos vous ont donné des idées. Car les pneus usagés peuvent être utilisés autrement. Jusque-là, on ne faisait que les brulés lors des manifestations publiques avec tout ce que cela comporte de pollution pour l’environnement.

Par Phillipe Dacruz et Mamady Keita


Les poissons toxiques du fleuve Dnipro ?

Crédit photo : Phillipe Dacruz

Le Dnipro est le plus grand fleuve d’Ukraine et l’un des plus grands d’Europe de l’est avec ses 2290 km de long. La plupart des Ukrainiens ont un réel penchant pour ce fleuve qui fait partie intégrante de leur identité.

En plus de l’activité touristique, et du transport qu’elle facilite, la pêche est l’autre grande attraction du fleuve.

Cependant depuis la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, les éco-activistes n’arrêtent plus de tirer la sonnette d’alarme quand au fait que l’eau du fleuve serait polluée. En raison de la grave pollution de l’eau dans le Dnipro, les poissons peuvent devenir dangereux pour la santé humaine.

Récemment dans la ville de Dnipro, près de la côte des échantillons d’eau ont été prélevés pour analyse. Maksim Soroca un éco-activiste révèle dans les colonnes du « Dniepr news » une publication locale qu’il s’est avéré que la quantité de produits pétroliers dans la rivière dépasse la norme de 22 fois. Cependant, le jeune éco-activiste s-est refusé à généraliser le problème. Pour lui c’est une pollution locale. Pour généraliser

« on a besoin de plus d’analyses dans d’autres endroits » conclu t-il.

Dans d’autres endroits, des signes de pollutions ont été révélées. Comme par exemple à Kiev la capitale une des villes que traverse le fleuve des internautes ont photographié de grandes couches vertes anormales signe de la pollution ou simplement des algues ? l’environnementaliste Alexei Vasilyuk a sa petite idée sur la question. Pour lui on ne peut pas appelez cela un problème environnemental.

“La prolifération d’algues et le manque de mouvement de l’eau sont à la base. L’eau est plutôt polluée et assez debout. Cependant on ne peut pas qualifier ce phénomène de problème environnemental. Quoique cela soit anormal ». a déclaré Vasilyuk.

Le phénomène de pollution sur l’eau a des conséquences sur la qualité des produits de pêche. En plus des pesticides, certains poissons de la riviere contiennent des micro-organismes nocifs. Les scientifiques qui ont étudié l’état écologique du Dnipro, ont trouvé 15 variétés de parasites, la plupart d’entre eux dangereux pour la santé humaine.

Crédit photo : Phillipe Dacruz

Dans des magasins et les supermarchés il n’est pas rare de remarquer de grandes taches sur les poissons. « Pêcher dans des eaux sales ne fait pas peur aux pêcheurs locaux » confie un spécialiste qui poursuit « Nous avons personnellement rencontré un pêcheur au lac Kurin, où selon les habitants, il existe plusieurs affluents d’eaux usées ».

Selon Tamara Melnik médecin, en plus des microéléments utiles pour la santé, les poissons du Dnipro peuvent contenir des parasites dangereux pour la santé qui provoquent des maladies comme l’appendicite ou même la péritonite une infection assez grave qui peut déboucher sur la mort si elle n’est pas traitée.

Il faudra plusieurs années si les autorités s’y mettent pour assenir le fleuve. En attendant le mieux serait de limiter sa consommation de poissons.

Par Phillipe Dacruz et Mamady Keita


A la découverte d’une bibliothèque pas comme les autres

Crédit photo : Phillipe Dacruz

C’est le matin, comme souvent ces derniers temps, c’est la vieille sonnerie de mon card phone qui me réveille. À l’autre bout du fil mon ami Lip :

-Salut mec bien dormi ?
-Ça peut aller… il faut dire que je ne suis encore qu’à moitié réveiller.
Comment répondre autrement quand moi le Guinéen habitué à 30 degrés à l’ombre se réveille sous une température de moins 8 degrés dehors.
Mais bon un peu comme dans la Légion étrangère française pas le temps de se plaindre. Une demi-heure plus tard, mon lit est fait et mon petit déjeuner pris. En fait je suis prêt…objectif : Trouver un endroit où je vais poser mon lourd sac pour travailler écrire les deux billets que j’ai ruminés toute la nuit.
Pas moins d’une demi-heure d’attente c’est le temps que je passe à l’arrêt de bus. il faut dire qu’en hiver les bus ne viennent jamais quand on les attend le plus. Je prends finalement place dans ce qu’ont appele ici Marchutka (bus en russe). Nous roulons une demi-heure à la suite desquels je vois par hasard cette inscription sur la façade d’un vieux bâtiment « Библиотека и Интернет » en français « bibliothèque et Internet ». »Super » je viens de trouver l’endroit calme et idéal que je recherchais pour travailler.
À l’entrée sur la droite une vieille dame plongée dans ses livres lève la tete et d’une voie sec
-Jeune homme que voulez vous ? Je suis surpris par cet accueil …
-J’ai vu sur la porte l’inscription internet…
je n’ai pas le temps de finir ma phrase elle me montre par un geste de la main …..montez au deuxième étage.
Crédit Photo : Phillipe Dacruz

Au deuxième étage on me demande de prendre un abonnement si je veux profiter des services de la bibliothèque. Après une inscription dans le vieux registre de la bibliothèque moyennant 20 uah (0,60euros) pour l’accès aux services, je reçois  ma carte d’utilisateur. Dans la grande salle sont assis deux enfants âgés entre 14 et 16 ans plongés à fond dans des jeux vidéo. Que font-ils là à cette heure un jour ouvrable ? N’ont-ils pas cours ?

Non loin de là c’est une odeur de vieux papiers enivrante qui m’appele. Je décide donc de perdre quelques minutes entre les étagères de ce lieu de méditation et d’apprentissage. Ici des tas de vieux livres pour la plupart imprimés à l’époque Soviétique en langue russe, séparés par des intercalaires imprimés eux en ukrainien ( la langue officielle en Ukraine).
Crédit Photo : Phillipe Dacruz

Juste un peu plus loin au fond de la salle, des catalogues sortis tout droit du passé sont superposés. Tout près, des tas de petites fiches, détaillant les ouvrages que possède la bibliothèque, ainsi que leur emplacement. Voilà que je finis mon tour d’horizon je reviens vers le pupitre et j’admire la collection de plante décorative de la vieille dame. Là on observe une cinquantaine de plantes, toutes bien entretenues. Au milieu desquelles trône une vieille télé.

Dès que je prends place dans un coin de la bibliothèque pour commencer à écrire mes billets, tous les regards sont sur moi. Étrange…qui sait peut-être je suis le premier Africain qui fait appel au service de la bibliothèque ?
La réponse à cette question ce sera pour un autre jour surtout du moment où tout le monde semble faire le timide en ce qui concerne le premier pas pour faire connaissance.
Pour finir J’ai bien apprécié la qualité du service à ce prix et j’ose espérer que des bibliothèques avec des ordinateurs et bonnes connexions internet voient le jour en grand nombre en Guinée et en Afrique de façon générale dans les petites villes où la volonté d’appendre est de plus en plus grande.
Par Phillipe Dacruz et Mamady Keita


Ukraine : Que se passera t-il en 2018 ?

Ville de Cherkasy Crédit photo : Phillipe Dacruz

Une année qui finit, une autre qui commence ! 2017 s’en va à jamais, laissant la place à 2018 porteur d’espoir pour tous les peuples. Après les fêtes, les nombreux vœux et rêves que l’on espère voir se réaliser cette année, place à la réalité de la vie.

A quoi devront s’attendre les Ukrainiens cette année ? Quelles sont les mesures phares censées entrer en vigueur en 2018 au pays de la vodka et du vinok ?

Voici mon top 7 de ces importantes mesures et événements attendus en Ukraine.

 1- Réforme du système médical

Une grande réforme médicale est prévue pour cette année : avant juillet, les Ukrainiens doivent se choisir un médecin et signer un contrat avec lui (médecin familial). Les députés de la Verhovna Rada (le parlement ukrainien) ont soutenu cette réforme car elle prévoit notamment des garanties financières de la part de l’État dans la fourniture des médicaments.

2- Le cursus scolaire passe à 12 ans

À partir du 1er septembre, les nouveaux écoliers devront suivre un cursus de 12 ans. Il sera divisé en trois étapes : de la première à la quatrième classe (de 6 à 10 ans), de la cinquième à la neuvième et enfin les classes du profil (3 ans), pour lesquelles les écoliers déterminent eux-mêmes s’ils veulent aller au collège ou directement à une université ou dans une académie pour l’approfondissement de l’étude des sciences.

Quand à la gestion des établissements d’enseignement, elle se fera désormais au niveau local. Cette réforme donnera aux écoles une large autonomie avec la possibilité de concevoir indépendamment des programmes éducatifs.

3- Plus de visas avec les Émirats arabes unis

Depuis le 31 décembre dernier, les Ukrainiens n’ont plus besoin de visa pour se rendre aux Émirats arabes unis. C’est le résultat d’un accord signé le 2 novembre dernier entre le président Petro Poroshenko et le Premier ministre des Émirats arabes unis. Désormais, un passeport biométrique ukrainien valable pour les six prochains mois est suffisant pour un séjour de 30 jours à Dubaï ou dans une autre ville des Émirats arabes unis.

4- Nouvelles instances judiciaires

Cette année, il est possible qu’apparaissent de nouveaux tribunaux. Ce seront entre autres des tribunaux anticorruption et des tribunaux militaires, car de l’avis de la plupart des observateurs, la lutte contre la corruption devrait être au centre des préoccupations des autorités de Kiev. Cela dit, il ne s’agit pas seulement de créer les organismes mais aussi de changer les mentalités des gens.

5- Finale de la ligue des champions à Kiev

Le 26 mai prochain, le stade Olympique de Kiev accueillera la finale de la ligue des champions, la plus prestigieuse compétition européenne. Une première pour la capitale ukrainienne. Les yeux du monde du football seront sur Kiev ce jour-là – plus de 450 vols sont prévus pour amener les supporters.

Petites pièces Crédit photo : Phillipe Dacruz

6- Fin de la fabrication de petites pièces de monnaie

À partir de cette année il n’y aura plus de fabrication de petites pièces de monnaie. Aujourd’hui il y a 12,9 milliards de pièces en circulation. Il s’agit précisément des pièces de 10 kopecks (10 centimes) qui a elles seules représentent déjà 3,8 milliards de pièces.

Premièrement, selon la Banque nationale, les pièces de monnaie de petite taille «ont presque cessé de jouer un rôle important dans le calcul en ce qui concerne les achats et les ventes des biens et services». Même dans les épiceries, les vendeurs  ne reclament plus aux acheteurs les pièces de  1 à 5 kopecks. Le deuxième argument est que le coût de frappe de 1, 2 et 5 kopecks est beaucoup plus élevé que leur valeur nominale.

7- Réduction de la vitesse maximale 

En 2018, précisement depuis le 1er janvier dernier, la vitesse maximale passe de 60 à 50km/h dans les centres urbains et les zones habitées. Les zones concernées doivent changer les signes restrictifs sur les routes, et les conducteurs devront s’habituer aux nouvelles limites. Les pénalités en cas d’excès de vitesse passe aussi de 510 à 3400 uah, l’équivalent d’un peu plus de 100 euros.

Que vous inspire ces évenements et l’actualité ukrainienne en 2018 ? Votre point de vue est le bienvenu juste en dessous dans la section des commentaires…

Par Phillipe Dacruz et Mamady Keita.

 


Ukraine : Père Noel vs Grand Père Neige !

Crédit photo : Phillipe Dacruz

La chute de l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovytch précipitée par la révolution d’Euromaidan et l’arrivée d’un nouveau pouvoir à Kiev ont mis en exergue des divisions profondes au sein de l’opinion ukrainienne.

D’un côté les pro-européens, très actifs, et de l’autre les éternels nostalgiques de la vieille époque soviétique.

D’ailleurs, le vaste mouvement de protestation populaire encore appelé Euromaidan prend sa source dans le refus de Viktor Ianoukovich de signer l’accord de libre-échange avec l’Union européenne au profit d’un dialogue actif avec Moscou. Il a conduit à la chute et la fuite du président d’alors. 

Depuis, beaucoup de choses ont changé à Kiev et dans les autres grandes villes d’Ukraine. Entre la signature de plusieurs nouveaux traités avec Bruxelles (plus de visa avec l’UE, le libre échange), et l’apparition de nouveaux signes prouvant la réelle volonté des ukrainiens de faire partie de l’Union européenne, les pro-européens ukrainiens n’ont jamais été aussi actifs.

Tenez il n’est pas rare de temps à autre de voir flottez les couleurs de l’UE à côté du traditionnel jaune et bleu ukrainien dans certaines administrations, mais aussi dans des établissements scolaires et universitaires…

Cette année, en plus du traditionnel 7 janvier, la date de Noël en Ukraine, les autorités ont déclaré pour la première fois férié, chômé et payé la date du 25 décembre. Un peu comme en Europe. Pour Anatoliu Gordienko, professeur de sociologie ce geste est loin d’être  fortuit. Pour lui ce jour férié est un acte politique. « Nos autorités font les yeux doux à Bruxelles à n’importe quel prix, sinon nous n’aurions jamais fêté Noël le 25 décembre » .

Crédit photo : Phillipe Dacruz

On peut ajouter à ce chapitre, la destruction par les pro-européens de la plupart des monuments rappelant l’Union soviétique et les grands hommes de l’épopée russe (Lénine, Ekaterina 2 etc…). Ainsi que la renomination dans certaines villes de beaucoup de rues jadis à l’effigie du voisin russe ( Dnipropetrovsk est devenu par exemple tout simplement Dnipro…

« La Russie c’est notre passé… Nous préférons-nous tourner vers le futur » martèle une étudiante qui se dit militante du parti du bloc Petro Poroshenko, l’actuel homme fort du pays.

A côté de cette grande vague europhile, il existe une autre tendance : les nostalgiques de la « vieille époque soviétique », beaucoup plus favorables au grand voisin russe. Pour eux, l’Ukraine et la Russie sont deux poumons dans un même corps. Anatoliu Gordienko est de ceux-là. Il nous explique ne pas comprendre pourquoi les Ukrainiens se précipitent vers une Europe qui de loin ne répond plus aux attentes des peuples. Pour ce sociologue je cite

« Nous avons tout à perdre dans tous ces traités avec les européens. Vous savez que nos produits ne sont pas compétitifs du point de vue qualité sachant qu’il y a que très peu de contrôle à la base. Si on prend aussi le réseau de transport nos rails et nos trains sont les mêmes qu’en Russie les échanges commerciaux sont plus faciles et plus rentables avec ce dernier qu’avec Bruxelles. Et sans parler de notre histoire et la culture commune que nous partageons depuis tant d’années avec Moscou ».

Quoi qu’il en soit, ce débat entre « Père Noël ou Grand Père Neige »- Bruxelles ou Moscou – risque de faire couler encore beaucoup d’encre et de salive au sein de l’opinion publique Ukrainienne. Que vous inspire ce débat ? Votre point de vue est le bienvenu juste en dessous dans la section des commentaires…

Par Phillipe Dacruz et Mamady Keita.